Jules Rames
Le Temps Autrement
Le temps se donne en spectacle dans d'hypnotiques et cycliques ballets. L'insaisissable
mutant, l'infini sur lequel s'écrase notre conscience, nous offre à travers ces œuvres, des
possibles constamment renouvelés de projeter nos psychés...machines à méditer, machines
à rêver...
J'ai doté nos classiques horloges d'un « superpouvoir », celui de révéler l'invisible, de
matérialiser les mutations de l'impalpable : le temps dans sa course !
Les aiguilles habituellement droites, prennent ici des formes particulières, chacune
devenant une partie d'un même dessin. Quand l'horloge tourne, grâce aux différentes
vitesses de rotations (heures, minutes, secondes), le dessin originel se décompose et
recompose, cycles après cycles, donnant à voir des séries de motifs en permanentes
évolutions.
Les aiguilles deviennent LA représentation mouvante de la course du temps, une parure qui
change à chaque seconde : l’horloge devient sculpture cinétique…magique.
Les possibilités qu'offre ce principe d'aiguilles en formes sont infinies. Aussi, pour ouvrir le
bal j'ai choisi de traiter les grands classiques des préoccupations humaines généralement
associées au temps : la mort, l'amour et l'argent.
Qui dit aiguilles en formes, dit aussi aiguilles lourdes et déséquilibes...à l'opposé des
dogmes de l'horlogerie. Comme aucun mouvement (mécanique d'horlogerie) proposé dans
le commerce ne pouvait répondre à ces exigences, je me suis tourné vers des ingénieurs qui
ont aimé et relevé le défi.
Pour chacun des trois formats proposés, nous avons pensé, conçu, usiné...mis au point, des
mouvements particuliers qui sont assemblés et réglés à la main.
L'opportunité m'a été offerte de réaliser un très grand modèle qui a été exposé l'été dernier
au Palais de Tokyo.
Pour l'occasion, en association avec Christophe Goulard : génial ingénieur mécanique, et Yo-
Han, nous avons réalisé une œuvre d'art cinétique et mécanique qui permet de tracter trois
aiguilles, dont des secondes « sautantes », sur un diamètre de 3 mètres...une performance.
Pour cette pièce, j'ai fait fi du cadran...et l'horloge est devenue sculpture !